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Formule 1 | Yuki Tsunoda, prochaine victime du système Red Bull ? Un historique des coéquipiers de Verstappen

  • nyronigon
  • 1 avr.
  • 7 min de lecture

Temps de lecture : 8 min

Le 27 mars a été une date importante pour la F1. En effet, alors qu’il s’agissait d’une semaine de battement entre deux Grands Prix, Red Bull a créé la surprise en reléguant Lawson chez Racing Bulls au profit de Yuki Tsunoda. En effet, c’est après les performances délivrées à Shanghai et Melbourne que la direction de Red Bull a préféré le profil du pilote japonais. S’il est discutable de ne pas avoir fait ce choix dès le départ, comme de rejeter entièrement la faute sur le pilote néo-zélandais, il faut tout de même constater que le second baquet de Red Bull semble porter une malédiction dont Yuki Tsunoda pourrait être la prochaine victime. Alors que Verstappen fustige la décision de Red Bull en expliquant que « si la voiture [avait été] meilleure, les performances de Lawson se seraient également améliorées »[i], il est important de revoir l’historique de l’écurie autrichienne, et en particulier depuis l’arrivée dudit Max Verstappen.


2016 – 2018 : l’ère Ricciardo

            L’année 2016 n’augure que du bon pour Daniel Ricciardo. Beaucoup plus performant que son équipier, Daniil Kvyat, il est le pilote numéro un de l’écurie Red Bull qui s’est bien établie dans le paysage de la Formule 1 moderne. Toutefois, c’était sans compter le remplacement de Kvyat pour un jeune pilote de dix-sept ans : Max Verstappen. Depuis l’arrivée de Verstappen, l’ordre des priorités des pilotes a été totalement chamboulé. Et l’événement qui marque le tournant de la carrière des deux pilotes est le Grand Prix de Bakou 2018. En effet, c’est après un crash entre les deux Red Bull que la trajectoire de carrière de Ricciardo connaitra un tournant bien différent.


Le crash des Red Bull à Bakou - Michael Potts Photography
Le crash des Red Bull à Bakou - Michael Potts Photography

Si, durant la trêve estivale, il semblait que Ricciardo allait re-signer chez Red Bull, l’Australien a créé la surprise en rejoignant Renault, une écurie qui, à l’époque, peinait à performer. Ce changement a questionné bon nombre d’experts et d’amateurs de Formule 1à l’époque. Si Ricciardo a tenté de rassurer au mieux ses fans, expliquant qu’il était « temps pour lui de relever un nouveau défi » après cinq ans chez les taureaux ailés, il faut croire que la marche était beaucoup trop haute pour le pilote australien. Depuis, hormis un bref éclat de performances chez McLaren en 2021 à Monza, Ricciardo semble s’être perdu. Pour reprendre les mots d’Helmut Marko en 2022, le pilote Australien « a perdu son instinct de tueur »[1], l’abandonnant dans le garage Red Bull. Et s’il a retenté de nouer les liens avec son ex, cela s’est soldé par un nouvel échec. Ainsi, comme un signe, il a permis lors du GP de Singapour de 2024 d’arracher le point du tour le plus rapide à Lando Norris, son ex-coéquipier qui était aussi le pilote qui rivalisait avec Verstappen pour le titre de champion du monde.

2019 : l’arrivée du sacrifié Gasly

            Après le départ de Ricciardo, il fallait trouver un remplaçant pour l’écurie autrichienne. Fort heureusement, elle peut piocher dans son réservoir de pilote, à savoir Toro Rosso à l’époque. Connue aujourd’hui sous le nom de Racing Bulls Formula 1 Team, elle a toujours été considérée comme l’antichambre de Red Bull. C’est donc naturellement que les dirigeants de Red Bull jetèrent leur dévolu sur l’un de ces pilotes qui attendent dans l’antichambre, à savoir Pierre Gasly. Le pilote normand a évolué dans la sphère Red Bull depuis 2012. Sa promotion chez l’écurie grande sœur, un présent évident pour ses bons et loyaux services, n’aura toutefois pas été fructueux.

            En effet, dès le départ, il peine à apprivoiser sa voiture alors que Verstappen se débrouille très bien. C’est un phénomène tout à fait normal pour un nouvel arrivant qui doit s’habituer à un nouveau baquet, ce qui prend du temps. Néanmoins, son manque de performance jusqu’à la mi-saison lui a coûté son baquet. En effet, alors que Verstappen réussit sans peine à faire fonctionner sa voiture, les performances ne sont pas les mêmes pour Gasly, ne parvenant pas à égaler son coéquipier. Or, Red Bull se bat non seulement pour le titre de champion du monde pilote, mais aussi pour celui de constructeur, un graal qui leur échappait à chaque saison depuis cinq ans.

           

Bien qu’en public Christian Horner et Helmut Marko confirmait leur volonté de poursuivre avec le pilote normand, Albon est annoncé comme le remplaçant de Gasly pour le reste de la saison 2019. Si les performances de ce dernier expliquent son départ, il y a aussi l’humain qui entre en jeu. En effet, durant l’ensemble de la première moitié de saison 2019, il y a eu des tensions entre la direction Red Bull et Pierre Gasly. Helmut Marko déclare à ce propos :


"Nous avons dit à Gasly qu’il devait utiliser les réglages de Max et les adapter à son style de pilotage. Il devait se concentrer sur la conduite et ne pas constamment dire à Adrian Newey comment construire la voiture pour lui" [2]

Si, par la suite, il a impressionné plus d’un chez Toro Rosso, remportant avec eux un podium au GP de São Paulo en 2019, ainsi qu’un Grand Prix en 2020 à Monza, il n’aura jamais à nouveau eu la chance de piloter aux côtés de Max Verstappen. Cela expliquera par la suite son arrivée en 2023 chez Alpine, coupant définitivement le cordon avec Red Bull.


2019-2020 : la frustration d’Alex Albon

Comme écrit plus haut, Albon a repris la place de Pierre Gasly. Tout comme ce dernier, il a lui aussi fréquenté l’écurie petite sœur de Red Bull. S’il a paru prometteur chez Red Bull, dépassant au nombre de points remportés durant la deuxième moitié de saison son coéquipier, ses performances n’auront eu que l’effet d’un pétard mouillé. En effet, durant l’entièreté de la saison 2020, il ne connaitra que des déconvenues. Et c’est par un souci de performance que son contrat ne sera pas reconduit, tout comme ce fut le cas pour Gasly. Mais à contrario de ce dernier, il aura pu compléter une saison entière aux côtés de l’invincible Max Verstappen.

Toutefois, l’histoire sera différente cette fois-ci. En effet, l’écurie Red Bull n’annoncera que sur le tard leur envie de remplacer Albon au profit de Sergio Pérez. Si les dirigeants de l’écurie autrichienne ont voulu accompagner le pilote thaïlandais vers une autre écurie, cela ne portera pas ses fruits. Alors, à titre de pansement, Albon poursuivra sa carrière chez Red Bull en tant que pilote de réserve pour la saison 2021. Le concerné se confiera au sujet de sa frustration dans le podcast « Beyond the Grid ». Après avoir rejoint Williams, il déclarera que la décision de Red Bull l’a « tué ».


 "Ça m'a tué. C'était horrible. On m'a annoncé que je n'allais plus être pilote titulaire très tard, je crois qu'on était en décembre, après la dernière course. » [3]

De plus, il faut savoir que la saison 2021 est celle qui verra le premier couronnement de Max Verstappen. Il faut alors s’imaginer la frustration d’Alex Albon. Si les dirigeants de Red Bull l’avaient laissé encore une année, peut-être qu’il aurait pu faire des miracles avec cette voiture, voire leur aurait rapporté un titre constructeur. Il n’y a qu’à voir ses performances cette année au volant d’une Williams plus qu’impressionnante cette saison 2025.


2021-2024 : Pérez, entre titre mondial et déception

            Fort d’un Grand Prix de Sakhir exceptionnel, Sergio Pérez n’allait pas avoir le baquet de Racing Points au bord duquel il a obtenu son premier sacre. En effet, la future écurie Aston Martin lui préférera Sebastian Vettel, quadruple champion du monde qui quittera la Scuderia Ferrari. Se retrouvant sans baquet, c’est Red Bull qui lui viendra à la rescousse. En effet, il semblerait que la direction du taureau ailé ait opté pour une stratégie différente. Si promouvoir de jeunes pilotes ne leur permet pas d’espérer un titre constructeur, ils feront désormais appel à un pilote déjà confirmé, qui est aussi capable de fulgurance.


            C’est dans cette optique que la saison 2021 commence. Sergio Pérez, en plus de permettre à Verstappen d’obtenir son tout premier titre, glanera la quatrième place du classement des pilotes, refermant le top 4 qui ne compte que des pilotes Mercedes et Red Bull. L’année 2022 sera quant à elle plus en dent de scie pour l’écurie Red Bull. Si leurs rivaux directs ne sont plus les flèches d’argents, les chevaux câbrés de Ferrari leur poseront davantage de problème en début de saison. Verstappen devra batailler contre un Leclerc déterminé à obtenir son titre. Néanmoins, la fine fenêtre qui s’était ouverte se refermera lors de la mi-saison, Sergio Pérez rattrapant son retard sur la Scuderia. Il permettra même à Red Bull de gagner à nouveau un championnat constructeur, trophée qui leur a échappé pendant huit ans.


            Après 2022, la saison de F1 de 2023 s’est déroulé sous l’égide dominante des taureaux ailés. C’était le moment pour voir Sergio Pérez briller. Si la compétition pour le titre pilote a été rude durant le début de la saison, le pilote mexicain parvenant à rivaliser avec son coéquipier en lui enlevant même des victoires, elle sera très vite close, faute à un Verstappen beaucoup trop à l’aise dans sa voiture, au détriment d’un Pérez qui l’était moins. Peut-être que cette saison l’a découragé, puisque 2024 marque le début de la descente aux enfers pour le Mexicain. Si le pilote néerlandais parvient toujours à faire résonner l’hymne de sa nation, ce ne sera plus le cas pour Pérez. Ses performances ont déçu de bout en bout, tandis que d’autres pilotes comme Leclerc, Hamilton ou encore Piastri parviennent à arracher des victoires au clan Red Bull. Mais malgré des rumeurs sur une certaine clause de performance dans son contrat, l’obligeant à obtenir un certain nombre de points d’écart vis-à-vis de son équipier[4], l’écurie autrichienne était déterminée à le garder jusqu’à la fin de saison. Cette décision a surpris, puisque la direction de Red Bull n’est pas connue pour son tact quand il s’agit de licencié ses pilotes. Pour Pérez, ils attendront la fin de la saison pour le congédier, le remplaçant pour Liam Lawson qui, ironie du sort, sera lui aussi remplacé par Yuki Tsunoda.


Conclusion : un baquet maudit ?

            Il n’y a pas à dire, le second baquet de Red Bull aura vu passer un bon nombre de pilotes et suscite encore aujourd’hui un engouement important. Il y a toutefois deux facteurs qui donnent du sens à cette « malédiction ». Premièrement, la voiture de l’écurie autrichienne ne semble tailler que pour un seul pilote : Max Verstappen. Deuxièmement, la dimension humaine du clan Red Bull laisse à désirer. Aujourd’hui, Yuki Tsunoda profite du remerciement de Liam Lawson après deux courses – lui donnant au passage le titre du pilote ayant couru le moins de course au volant d’une Red Bull – il pourrait peut-être subir cette « malédiction » à son tour. Un premier élément de réponse sera sans doute donné à Suzuka, Grand Prix à domicile pour le pilote japonais. En tout cas, tous les regards sont portés sur lui, qui a intérêt à ne pas décevoir comme ses prédécesseurs.


Sources


Citations


 

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